#1 New Ways of Working : quels bilans en 2022 ?

Plus de 2 ans après le cataclysme du Covid-19, les entreprises ont résolument adopté de nouvelles manières de travailler. Si les débuts, loin d’être faciles, ont révélé des niveaux de maturité différents (en matière de digitalisation, d’utilisation d’outils collaboratifs, de management agile notamment), il semblerait que l’ensemble des organisations soient finalement parvenues à trouver leur vitesse de croisière… Mais où en sommes-nous réellement en 2022 ? Au-delà des apparences, vers quelle nouvelle réalité du travail s’achemine-t-on ? L’agence Drive Innovation Insights, observatoire des tendances métiers depuis 1993 et créateur de clubs professionnels BtoB, a fait le point sur ce qui mobilise les décideurs et comex en cette rentrée 2022. Décryptage.

Rappel des faits

Depuis près de 100 ans, le niveau de productivité par emploi a été multiplié par 10 en France. Nous travaillons près de 31 fois plus vite qu’en 1890¹ ! Cette augmentation de la productivité, nous le devons principalement à l’essor des nouvelles technologies qui, couplées à la pandémie mondiale, ont largement contribué au bouleversement universel des modes et des méthodes de travail.

S’appuyant sur le postulat que le collaborateur est plus heureux et motivé s’il peut décider lui-même des conditions d’exercice de son travail (quand, où, comment), les NWOW² constituent le nouveau mix organisationnel « de flexibilité du temps et de l’espace de travail, d’organisation et de management dont la mise en œuvre est facilitée par les technologies de l’information et de la communication et qui participent au projet d’une entreprise collaborative et davantage démocratique dans sa gouvernance »³. Programme enthousiasmant… Mais dans les faits, comment cela se traduit-il ? Effet de mode ou révolution du travail ?

Libération… ou aliénation ?

Le télétravail invite à repenser notre perception traditionnelle de la vie en entreprise, en ce sens qu’il permet d’envisager pour la 1ère fois le travail dans une position d’extériorité par rapport à celle-ci. Avec son lot d’effets secondaires plus ou moins visibles… ou pernicieux.

La notion de bien-être au travail, élevée au rang d’injonction, est peu questionnée en 2022. Au contraire : elle est revendiquée. Les outils digitaux, depuis 2 ans parties intégrantes de notre vie quotidienne et langage courant (« on se voit sur Teams »), ouvrent non seulement la voie à une flexibilité et une souplesse horaire inégalées pour les collaborateurs, mais aussi à une rationalisation des coûts inespérée pour les entreprises (immobiliers, frais généraux et de déplacement des salariés…). Sans parler des perspectives et des rapports humains, bouleversés par un cadre spatio-temporel évolutif à apprivoiser…

Si le tableau semble idyllique au départ, l’impératif premier n’a pas changé depuis le lancement respectif d’Apple Park ou Googleplex⁴ dans les années 2000 : derrière ces NWOW et cette révolution annoncée, c’est une productivité accrue qui est (toujours) attendue.

Alors comment capitaliser sur ces modes d’organisation et rendre ces progrès tangibles aussi bien pour les salariés que pour l’entreprise ? Car si les technologies évoluent à vitesse grand V, les comportements et réflexes sociaux n’en sont pas encore là. Et ce qui relevait de l’informel et permettait à certains de tirer leur épingle du jeu en faisant valoir leurs soft skills doit nécessairement être repensé, sous peine pour les salariés d’être évalués selon une seule logique de résultat, au détriment du reste. Un retour au taylorisme ?

Future of Work et gouvernance réinventée

Comment accompagner les collaborateurs au milieu de ces changements tous azimuts ? A quoi doit ressembler ce lieu de travail hybride ? Un modèle qui mêle avec fluidité distanciel et présence au bureau, certes, mais qui s’appuie aussi et surtout sur un écosystème technologique adapté, alors que pas moins de « 40% des employés de bureau trouvent la technologie du télétravail insurmontable »⁵.

Gouvernance IT, sécurité de données, dialogue inter générationnel… Les entreprises qui veulent rester compétitives doivent désormais adresser l’ensemble de ces considérations pour non seulement attirer mais cultiver les meilleurs talents. Parmi les axes prioritaires identifiés :

• Concevoir des environnements distants et de bureaux qui favorisent le bien-être
• Repenser les synergies et renforcer les interactions sociales
• S’appuyer sur une technologie alignée avec les besoins métiers et soutenue par de la formation continue
• Développer une culture de l’apprentissage, booster de carrières

Task forces pluridisciplinaires, mode itératif, holacratie, collaboratif… Les NWOW, pour dépasser l’effet de mode et s’affirmer durablement comme modèle, doivent parvenir à réconcilier le meilleur des deux mondes. Et trouver le juste équilibre entre contrôle et liberté, salariat et entrepreneuriat, singularité et collectif pour accompagner des collaborateurs en quête de sens, et plus que jamais sensibles aux nouvelles dynamiques organisationnelles.

¹ « La productivité en France, au Japon, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni au cours du 20^e siècle », Gilbert Cette, Yusuf Kocoglu, Jacques Mairesse

² New Ways Of Working

³ « New ways of organizing work : developments, perspectives and experiences. Management learning”, professeur Laurent Taskin

⁴ Siège social d’Apple et de Google

⁵ Rapport “The Future of Work”, Sharp, 2021