#2 Licornes, centaures et poneys : le nouveau bestiaire des startups

editorial | marketing b2b

28 septembre 2022

Par Capucine de La Bigne, Editorial Content Director au sein de l’agence DII

Alors que les valeurs tech subissent aujourd’hui un plongeon sans précédent depuis l’éclatement de la bulle internet dans les années 2000, l’entrée de nouveaux spécimens dans l’arène startup questionne le statut des licornes et les anciens référentiels. Et laisse la part belle à de nouvelles entreprises innovantes en passe de redéfinir la notion de réussite. L’agence Drive Innovation Insights, observatoire des tendances métiers depuis 1993 et créateur de clubs professionnels BtoB, a fait le point sur ces nouvelles évolutions en cours et à venir. Décryptage.

Licornes : la fin du règne ?

L’année 2021 a vu naître un nombre impressionnant de licornes, ces startups non cotées et valorisées à plus d’1 milliard de dollars. Un club bien moins fermé qu’avant : on dénombre plus de 1000 licornes dans le monde en février 2022 (contre environ 200 en 2017), dont 23 en France, encore loin derrière les Etats-Unis, la Chine et le Royaume-Uni, mais qui affiche malgré tout un dynamisme encourageant.

Si la ruée vers ces animaux magiques était, jusqu’à récemment, un signe de bonne santé économique (la start up nation), ces entreprises affichent des niveaux de rentabilité souvent discutables. Et pour cause : des chiffres d’affaires parfois faibles, décorrélés des niveaux de valorisation qui atteignent fréquemment des records (jusqu’à 30, 40 voire même 50 fois leurs revenus). Le plongeon récent des valeurs technologiques, après des années d’euphorie, semble toutefois redistribuer les cartes en profondeur.

Du fantastique à la raison

Dans son rapport « State of the Cloud 2022 », le fonds de capital-risque Bessemer Venture Partners questionne le statut de licorne, qui ne garantirait plus une solidité économique suffisante, et souligne la nécessité de se concentrer sur des métriques plus rationnelles pour évaluer la santé des start-ups. Ouvrant ainsi la voie à d’autres animaux plus ou moins fantastiques.

Les centaures par exemple, dont les revenus annuels récurrents (ARR) dépassent 100 millions de dollars et qui font partie d’un club nettement plus fermé que celui des licornes, et bien plus jeune : on en dénombre à peine 150 dans le monde, dont 60 auraient vu le jour en 2021. Parmi eux : Dataiku, startup française qui a déménagé à New York en 2016, mais aussi Deel, Salesoft, Iterable…

Si le centaure est apprécié, c’est qu’il présente davantage de garanties aux yeux des investisseurs et s’appuie sur une meilleure adéquation produit-marché, une stratégie de market access efficace et une clientèle en croissance. Ainsi, à l’heure où les valorisations sont revues à la baisse et les levées de fonds plus rares, le niveau d’ARR attire particulièrement l’attention. Du fantastique au retour à la raison ?

Dans cette mouvance, et alors que les Gafa font moins rêver, certaines jeunes entreprises innovantes attachent davantage d’importance à l’impact généré qu’à leur taille ou à une valorisation parfois artificielle. Ce sont les « poneys », cette nouvelle espèce de startup qui s’inscrit à contrecourant des dernières tendances et qui aspire à marier business model pérenne et impact positif, surfant sur les tendances sociétales structurantes de ces dernières années. Les licornes ne sont également pas en reste. Vous avez bien lu. Cette nouvelle espèce, récemment créée, réunit des coopératives associées pour construire un modèle économique alternatif en proposant des biens et services du quotidien plus durables.

Licornes, décacornes, centaures, poneys… Le bestiaire utilisé pour catégoriser l’univers startup s’enrichit de spécimens inédits, et par là-même inaugure un retour au réel et à la raison en invoquant des mesures plus concrètes et corrélées aux préoccupations du moment. Alors quel nouvel animal fera prochainement son entrée ?

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