Mon rôle au sein de Natixis est assez large. En tant que leader de la transformation digitale de l’entreprise, je crée des animations autour de la digitalisation, je réponds aux appels d’offre Challenge & Innovation, je source des nouveaux projets et relais de croissance (Data, IA, chatbot, blockchain, API platforms, …). Il faut déterminer si, au-delà des buzzwords, il y a un intérêt à les développer au sein de l’entreprise. Mais la question est tout à fait légitime car, selon moi, le CDO est en effet la première brique de la transformation et, pour survivre, il doit engager l’innovation. Je suis aussi le point d’entrée des startups avec lesquelles Natixis collabore.

Concernant mon activité, je travaille pour la branche qui produit des assurances au sein de Natixis et mon produit est ensuite distribué par les banques. Nous sommes dans une logique de BtoBtoC. A côté de cela, je suis l’auteur du livre Innover ou disparaitre, chroniqueur Forbes et Tech Influenceur B2B (j’accompagne les entreprises dans les lancements de produits). Je suis aussi au board de 2 startups.

Effectivement, selon moi le rôle de Chief Digital Officer est un rôle temporaire, qui est amené à disparaitre en tant que tel une fois que la transformation digitale aura été menée à bien. L’heure de gloire du Chief Digital Officer dure un peu plus qu’espéré car les sociétés ne se transforment pas au même rythme. En effet, il est arrivé dans les grands groupes en premier, il y a quelques années déjà et dans ces derniers, la transformation digitale est presque terminée. En revanche, certaines PME et ETI sont toujours en plein dans cette problématique de transformation digitale et le Chief Digital Officer y joue un rôle primordial.

Au sein des groupes ayant terminé leur transformation digitale, le Chief Digital Officer en tant que tel a déjà disparu. Mais ces entreprises ne se sont pas pour autant séparées de lui : elles ont plutôt transformé ce rôle. Suite à l’aboutissement de la transformation digitale, les entreprises se rendent compte qu’il faut désormais se lancer dans un nouveau chantier : l’amélioration continue du digital. A cette transformation digitale, on a petit à petit ajouté la question de la data puis, aujourd’hui, de l’innovation. Chez Natixis, ces transformations sont regroupées sous le nom « ID² » (Innovation, Digital et Data).
Selon moi, il y a deux grands enjeux au sein de Natixis :

• L’innovation : je crée notamment des partenariats avec des startups qui nous permettent d’avoir un regard nouveau sur cette question d’innovation.
• La transformation, c’est-à-dire imaginer des modèles différents pour le futur, avec cette logique d’ID². La transformation digitale est derrière nous.

Dans d’autres entreprises, le rôle de CDO disparait au profit d’autres fonctions ou bien il est repris par le N-1. On voit d’ailleurs émerger de nouveaux noms un peu moins glorieux comme « Digital Champion » par exemple.

Mon principal chantier est de relancer un cycle autour de la démarche d’innovation. Cette dernière s’est essoufflée parce que le digital a pris le pas sur elle. Désormais, il faut lui redonner ses lettres de noblesse.
Je m’intéresse particulièrement aux API platforms qui sont des modèles de distribution un peu différents. En effet, on se rend compte que les entreprises à plus forte capitalisation sont aujourd’hui des plateformes : Google, Amazon, qui construisent des services autour d’eux, les agrègent.
Pour expliquer cette notion : API signifie Application Programming Interface. Ce sont des systèmes informatiques qui permettent d’échanger avec un dictionnaire par tous. C’est une interface qui permet aux développeurs d’applications de programmer et c’est aussi ce qui leur permet de se connecter à différents services.

Ma grande obsession du moment est de répondre à la question : Natixis a-t-il intérêt à devenir une plateforme ? Cela permettrait deux choses assez intéressantes selon moi :

• Premièrement, d’être une plateforme qui distribue les services d’autres sociétés (tout comme certaines voitures connectées peuvent permettre aux utilisateurs d’avoir accès à Spotify, Google qui proposent leurs services. Aujourd’hui, il faut savoir que 50% du prix d’une voiture vient des services complémentaires dont les plateformes.
• Être une plateforme permettrait aussi de trouver des nouveaux clients grâce à des canaux de distribution de la potentielle future plateforme.

Mon autre grand chantier est de gérer les partenariats avec les startups pour accélérer la transformation de Natixis Assurances au-delà du digital.
Le champ des innovations est large et incertain. Seul l’avenir nous permettra de dire si nous avons misé sur les bonnes innovations.