#6 2023 : nouvelle année, nouveaux outils d’aide à la décision ?

editorial | marketing b2b

23 janvier 2023

Par Capucine de La Bigne, Editorial Content Director au sein de l’agence DII

L’agence Drive Innovation Insights, observatoire des tendances métiers depuis 1993 et créateur de clubs professionnels BtoB, décrypte en continu les chantiers prioritaires des décideurs et cadres dirigeants. Leur préoccupation commune en cette rentrée 2023, toutes fonctions et tous secteurs confondus ? Apprendre à naviguer dans un contexte inédit et optimiser les outils d’aide à la décision. Vaste programme.

“Le futur est déjà là. Il n’est simplement pas réparti équitablement”

Une citation à priori équivoque… Et pourtant, en une dizaine de mots à peine, l’auteur américain de science-fiction (et l’un des leaders du mouvement cyberpunk) William Gibson nous rappelle que les informations permettant d’anticiper l’avenir ne sont pas accessibles à tous de la même manière.

Alors que les crises se sont succédées à vitesse grand V ces derniers temps (Covid-19, guerre en Ukraine, inflation galopante…), notre perception et notre appréhension du monde sont appelées à évoluer pour mieux identifier les prochains bouleversements qui nous attendent.
Mais dans un univers de plus en plus complexe, dans lequel la profusion de sources d’information se révèle aussi formidable que dangereuse, comment réapprendre à interpréter les signaux faibles, ces signes « infimes par leurs dimensions présentes mais immenses par leurs conséquences virtuelles » (Pierre Massé) ?

Selon le cabinet Tilt Ideas, le contexte dans lequel nous évoluons peut se réduire aux « 4i » : Incertitude, Inquiétude, Instabilité menant à… l’Immobilisme ou alors l’Innovation, vous avez le choix. De l’avis de la majorité, l’innovation est souvent plus facile à initier en interne dans un contexte de crise, les réponses créatives y étant généralement accueillies avec plus d’optimisme.

Les turbulences ouvrent ainsi la voie à un nouvel espace de création de valeur pour les entreprises. A condition bien sûr d’être à l’affut des nouvelles opportunités, et de réactiver les mécanismes intellectuels et psychologiques favorables.

A notre secours, l’école de la pensée disruptive et ses deux principaux piliers :

  • La destruction créatrice, inventée par Joseph Schumpeter, qui désigne le processus par lequel une mutation industrielle détruit un ancien modèle.
  • L’innovation disruptive, que nous devons à Clayton Christensen (théoricien majeur du management), qui théorise les mécanismes par lesquels un produit innovant perturbe un ancien marché.

Des grilles de lecture pour le moins intéressantes, auxquelles il conviendrait d’intégrer une approche plus systémique qui s’adapte aux (r)évolutions que nous vivons actuellement. Dans notre ère, la rupture est désormais constante, perpétuelle… Une nouvelle vitesse de croisière en somme. Mais comment prévoir l’imprévisible, ou même dessiner les contours d’un futur proche ? Qu’il soit désirable est encore une autre question.

Et pour l’entreprise, ça veut dire quoi ?

Parler d’innovation de rupture peut se révéler réducteur, cantonnée à une technologie de pointe souvent fantasmée dans un temps court, alors que celle-ci nécessite généralement un temps long de création et de recherche. Exemples emblématiques : Dyson a essuyé 9000 essais infructueux avant de réussir à développer son aspirateur sans sac. Perle de Lait de Yoplait n’a fonctionné qu’à la 3ème tentative, après un changement de positionnement et de cible.

Alors comment les ruptures systémiques redéfinissent-elles la planification stratégique et l’approche prospective au sein des organisations ? D’abord en permettant de revisiter les classiques. Et notamment :

  • « Faire comme si de rien n’était » ne fait plus recette, en particulier dans un contexte en bouleversement constant. Autrement dit : le statut quo a un coût de plus en plus élevé.
  • Effet domino versus effet papillon : lequel aura le dessus ? En toute vraisemblance, dans le contexte d’imprévisibilité que nous vivons, le second semble donné gagnant.
  • Le triomphe des simulations, et non des prédictions. La gigantesque volumétrie de données à notre disposition appartient déjà au passé. De quoi réfléchir, et nous inciter à revoir l’analyse traditionnelle des tendances qui se base historiquement sur une approche linéaire, au détriment d’une approche plus empirique du réel.
  • Complexe ne veut pas dire compliqué. Les situations compliquées trouvent souvent aisément leur solution. A l’inverse, la complexité instaure des limites à notre compréhension.
  • L’hyper connectivité : pas d’approche cloisonnée des problèmes ! Chaque situation doit être appréhendée dans sa multi-dimensionalité, et l’entreprise doit rester attentive aux micro-changements puis aux points d’inflexion majeurs en développant une approche holistique : le changement est lent, jusqu’à ce qu’il ne le soit plus.

Quelques outils d’aide à la décision qui reposent ainsi d’abord sur le capital humain et psychologique de l’entreprise, conjugué aux derniers outils tech à disposition. Leur action commune doit permettre de prendre en compte la nouvelle réalité dans sa complexité et d’aider à appréhender le(s) scénario(s) du futur. Dans ce cadre, la responsabilité des dirigeants semble encore décuplée, entre besoin de rassurer, nécessité d’implémenter une vision tout en gardant le cap de l’innovation… Des objectifs pas toujours aisément compatibles, mais qui ont le mérite de fixer de belles ambitions pour 2023 ! Un beau programme…

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